Mirleft power

Regarder l'ocean

En arrivant sur la cote, j’ai attrappé la flemme…au départ je pensais rester 1 voir 2 jours à Mirleft et tracer, et puis j’ai repousse de jour en jour et j’y ai passé une semaine (en comptant le week-end à Sidi Ifni). 30km de côte en 7 jours…ca fait tout de même un peu plus de 4km par jour… à ce rythme, j’arriverai jamais en Mauritanie (je dis ça pour Flo ;) ).

Il faut dire aussi que tout s’y est bien prêté…temps clément, compagnie agréable, habitants agréables, de belles ballades sur les falaises où l’océan vient se fracasser bruyamment, du poisson grillé à tous les repas, et bien sûr de petites criques désertes à cette période où il est doux de faire la sieste. Par contre pas de baignade - trop froid et dangereux - un touriste est mort en Novembre (ce qui a causé pas mal de problèmes pour l’hotel où le groupe etait descendu).

Mirleft au départ c’était un village, à 1km de la cote, avec une rue principale et quelques pêcheurs…et puis c’est tout. En arrivant ici, j’ai appris que dans les 70’s, comme Essaouaira, c’est devenu un lieu de passage des hippies, Jimi Hendrix est passé par là, c’est pour dire - il y avait laissé au bar une photo de lui dedicacée qui depuis a été vendue à un touriste fortuné..signe des temps, aux regrets de pas mal d’habitants qui voient se transformer leur village en ville balnéaire (et les prix s’enflammer). Des quartiers entiers ont poussé à 1km de là, sur l’aplomb des falaises, avec des petites villas “toute simples” - genre 2 piscines et jardin avec vue sur l’ocean. Il parait qu’un sénateur français et même de la famille à notre ancien président possède des biens dans le “quartier francais”. Depuis 5 ans cela ne fait que s’accélérer, puisqu’à présent ce sont les projets immobiliers qui s’enchainent - par exemple 40 villas fraichement construites se sont vendues comme des petits pains (pour la petite histoire, beaucoup de constructions sont faites avec du sable contenant du sel, j’en connais qui vont être content dans 15 ans !). Sans rigoler un habitant m’a dit: “dans 10 ans, c’est Agadir ici”.
Enfin pour l’instant, hors saison, c’est très calme, et je peux vous dire qu’a partir de 22h on ne croise que des chiens dehors. Le cloisonnement des communautés est assez fort, moi je résidais en ville (comprendre dans la rue principale) et c’est seulement le matin que l’on voit les retraités ou résidants étrangers venir avec leurs 4×4 chercher le pain ou aller à la poste, ou vers 17h à l’heure du marché aux poissons.

J’étais au sympathique hotel Tafoukt, le seul dont le proprio est encore arabe (suivant l’interlocuteur, c’est soit un très bon ou tres mauvais point) et de suite après mon arrivée j’ai été accosté par Lars et Luz, un couple Allemand/Argentin. On a passé d’excellents moments ensemble à discuter voyage entre autre, ils en ont fait un paquet (dont 3 mois à vélo en Patagonie qui me laissent rêveur) et maintenant qu’ils ont repris le rythme travail/vacances, ils sont venus découvrir le Maroc. Déçu par le côté trop usine à touristes de Ouarzazate et Zagora, ils ont fini par passer le plus long de leurs vacances ici. Un jour apres mon arrivée, un de leur amis Andreas les a rejoint, et il se trouve qu’il va aussi au Mali par la même route que moi - on risque fort de se revoir sur la route en Mauritanie apres L’Aid.

L’intérêt d’une petite ville lorsque l’on prend son temps est de nouer des connaissances et d’en apprendre un peu plus sur ses habitants et leurs vies, j’aurai pas le temps de vous décrire mais le spectre est assez large. Pour prendre deux extrêmes, celà va de l’employé modèle de l’hôtel qui s’est résigné à travailler ici après avoir abandonné l’idée d’être instituteur - il n’avait pas d’argent pour payer le bakchich pour “soutenir” son bon dossier (la corruption est un vrai problème qui ne semble pas bouger au Maroc) … à l’instituteur du village justement, complètement grillé par l’alcool à 8h du soir (”jardin de legumes” ils l’appellent entre eux), enchainant les phrases surréalistes une apres l’autre - du genre “7km dans l’himalaya par an, tu comprends, l’oxygène…c’est maintenant et pas demain”.

Enfin après ce bon temps là-bas, je suis allé passer le week-end à Sidi-Ifni. Cette ancienne enclave espagnole (les vieux parlent espagnol et pas francais) en a gardé l’architecture et le goût de la sieste - si vous arrivez l’après-midi vous vous croirez dans une ville déserte…c’est l’avant-poste du Sahara Occidental, les premières djellabas des hommes du désert et les robes multicolores des femmes sont là.

A l’heure où vous lirez ça je serai sûrement dans le Sahara Occidental justement, pas loin après Tarfaya si le vent m’a bien porté…en avant-gout, je vous laisse avec Tinariwen, un peu de musique Touareg, que j’ai écouté à Mirleft.

Passez de bonnes fetes à vous gaver de bonnes choses et de chocolat - pour moi ça sera une razia d’asphalte pour les fêtes !

ps : il parait qu’il y a un festival de musique dans le désert en Mauritanie autour du 15 janvier, si l’un de vous a des infos je suis preneur.