Hohoe : 6 mois 24 jours et 12000 kms plus tard

J’ai eu du mal à quitter Kumasi, malheureusement pour de mauvaises raisons. J’ai eu une sorte de seoncde petite crise de paludisme une semaine après la première. Une sorte d’effet rebond, désagréable mais pas trop méchant. Toubib, analyses (cette fois, c’est officiel j’ai le parasite dans mon sang), nouveau médoc anti-palu, et repos avec les éternelles questions qui tournent, ça va s’arrêter enfin ou encore recommencer? Résultat, ma lassitude de la route m’a définitivement repris, et il me tarde d’arriver à Hohoe à présent.

Vu ma façon de voyager très lente, je pensais éviter cette lassitude du voyageur longue durée, qui vient souvent autour de 6 mois de voyage d’après ce que l’on m’a dit. Maintenant, c’est clair, je ne pourrais pas continuer la route beaucoup plus longtemps - pas assez disponible et présent aux gens et choses que je rencontre. Apparemment c’est possible de continuer malgré cela, mais c’est plus pour finir ce que l’on s’est promis à soi-même, pour “les challenger” en somme… je dois pas être comme ça. Il est aussi possible de continuer pour d’autres raisons, mais il faudrait que je vous décrive plus ma théorie fumeuse sur les différents types de voyageurs (plus tard peut-être).

Une fois remis, j’ai décidé d’aller directement à Hohoe, exit la ferry sur le lac Volta - il ne veut pas de moi (2 fois stoppé par le palu), je ne veux plus de lui non plus. Après une dernière longue nuit, c’est incroyable comme je dors, je pars à la gare routière. Je pensais devoir faire la route en plusieurs tro-tros, mais il en existe un direct. Je ne me pose pas de questions, après tout, c’est le plus simple. Je paye, j’attends, je pose mes fesses dans le mini-bus, case mes jambes comme je peux et j’arrive… simple en théorie. Seul problème le tro-tro ne se remplit pas bien vite, ils ne partent que “plein”, pour d’évidentes raisons économiques qui riment, pour une fois, avec écologiques, et il faudra attendre la matinée et une partie de l’après-midi. Mais les tro-tros partent toujours, et à 15h après avoir chargé une impressionante cargaison d’oeufs sur le toit, on part enfin pour un dernier trajet épique.

Je me doutais bien que cela serait long, mais j’avais pas vraiment calculé que ce serait si long !!! 11h plus tard, je descends a Hohoe, il est 2h du matin. Le temps de réveiller la pauvre réceptionniste de l’hôtel et je m’effondre dans mon lit tout heureux d’être là. Le lendemain matin, je me sens tout bizarre, l’impression de revoir défiler toute cette route pour arriver ici, de me promener dans les rues où je vais passer les prochains mois - ça a quelque chose d’irréel… je me sens bien à nouveau …

Ces derniers temps, j’étais en contact avec les gens du projet auquel je vais participer. Je leur avait dit que j’arriverai plut tôt mais la maladie m’a retardé. Comme convenu, j’appelle Seth le responsable du projet, mais il est parti à Accra chercher Lyz, la fondatrice qui revient d’Allemagne. Au téléphone, il semble très embarrassé et gêné de ne pas être là pour m’accueillir, il va appeler d’autres volontaires de la ville pour s’occuper de moi. Un peu plus tard, un jeune débarque à l’hôtel à ma recherche. Il vient me chercher pour m’amener dans le magasin d’un ami, qui est un proche de Seth. Ils sont aux petits soins avec moi, soucieux que je me sente bien, et de mon confort en tous points.

Lundi, Seth et Lyz arrivent, on discute et dès le lendemain je découvre les locaux de leur association et leurs activités (j’en parlerai plus tard) ainsi que mon logement auquel ils pensaient pour moi, une petite maison ! un salon, 2 chambres, une cusine sans évier mais le robinet est juste dehors à côté de la porte, et juste à côté une vraie douche et de vrais toilettes… enfin tout le confort moderne pour moins de 20 euros par mois. Il y a déjà là 2 autres volontaires, 2 soeurs allemandes sympathiques pour m’accueillir et m’expliquer tout… et en plus le mardi, l’électricité et du coup l’eau courante qui avait disparu depuis 10 jours est déjà de retour… je sens que je vais me plaire ici !