Destins Croisés - épisode 2
Je ne pensais pas revenir à Koudougou en partant il y a 3 semaines. Je ne pensais pas du coup écrire la suite du premier épisode de Destin Croisés. Comme les plus observateurs le noteront, après coup j’ai changé le nom des personnes et enlevé les photos pour préserver un anonymat que le web ne garantit pas toujours !
Que s’est-il passé depuis la dernière fois ?
Sabrina a finalement répondu à Lucien après plusieurs relances, lui expliquant qu’elle avait été malade et avait trop de travail pour répondre. Marie avait laissé un mot pour Jacques en s’excusant de son attitude qu’elle trouvait vraiment moche et qui l’avait déçue d’elle même
et en ajoutant tout le bien qu’elle pensait de lui. Une fois son mea-culpa fait, elle devait se sentir mieux et continue depuis à tchater avec son rasta qu’elle espère bien revoir à ses prochaines vacances. Jacques s’est fait voler 15 000 FCFA dans sa caisse, sûrement par un autre jeune travaillant ici. Son patron les lui réclame et dit qu’il ne le paiera pas tant qu’il ne l’aura pas remboursé (il lui doit 4 mois de salaire soit 60 000 FCFA), il pourrait couper dans son salaire mais apparemment ça lui donne une bonne excuse pour ne pas continuer à le payer. Et puis, il y a la grand-mère du fils de son frère qui passe son temps à lui demander de l’argent, car après tout c’est aussi ton fils
(et oui en Afrique, le fils de son frère est aussi ton fils). Mais malgré cela le moral est bon, car il a trouvé de l’argent pour financer son permis de conduire avec la perspective d’un emploi de chauffeur - travail mieux payé et payé tout court (ce qui ne court pas les rues).
Anaïs s’était encore une fois disputée avec son copain et s’est pris de bonnes gifles en public au cyber - c’était trop, elle l’avait quitté !
Telle était la situation à mon arrivée, tout était calme. Je ne sais pas si c’est l’influence de la pleine lune, mais tout s’est emballé à partir du lundi.
Je ne l’avais pas dit la fois précédente, mais Lucien a une petit amie depuis un an qu’il ne voit pas souvent vu ses horaires et les siens, elle “fréquente” (elle va à l’école). Après son seul jour de repos, sans avoir pu la voir une nouvelle fois, il en a marre d’être négligé et se dit que cette relation n’est vraiment pas intéressante
, il s’est donc lancé à grouiller à tout va. Toujours le même rituel, il voit une fille qui passe dans la rue, la siffle comme l’on fait ici pour appeler quelqu’un tsssssss
, elle se rapproche et ils papotent pour voir ce qu’il peut en tirer. A mon départ, ça n’avait pas été un grand succès. Il faut dire aussi qu’Anaïs, très moqueuse, dit une fois sur deux aux filles qu’elles ont affaire à un coureur de jupons.
La meilleure copine d’Anaïs, Sabine, passe tous les jours la voir et d’un caractère très communicatif plaisante avec tout le monde. Mais ce lundi-là, elle a voulu parler à Jacques pour lui ouvrir son coeur. Jacques ce grand romantique en était tout retourné et s’est lancé en entier dans cette histoire, alors qu’il s’était juré de ne pas le faire tant qu’il n’avait pas de situation (pour des raisons que je ne pourrais pas évoquer ici). Il n’en mangeait plus tellement il en était pensif !
Anaïs s’était fait de nouveau embobiner par son copain qui avait fait taire les zon dit sur sa réputation de coureur de jupons - pourtant fort justifiée d’après ce que l’on m’a raconté. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à la veille de mon départ. Le soir, une nouvelle dispute éclate entre eux, le ton monte, Anaïs veut parler à Sabine, et son violent ami reprenant sa menace classique de vouloir frapper si elle continue à lui manquer de respect (le soupçonner de la tromper) et de plus il rajoute qu’il veut aussi frapper Sabine. En entendant cette dernière phrase, le sang de Jacques ne fait qu’un tour et son grand coeur ne peut pas tolérer ça, la dispute s’étend à tous les 3 qui vont s’expliquer à huis clos dans le télé-centre.
D’abord tu ne frapperas personne et si tu touches un cheveu de Sabine - tout costaud que tu es, tu vas le regretter
Attention ! ne me manque pas de respect ou je vais aussi te frapper !
etc…
Après quelques heures de discussion la tension est redescendue, Jacques commençant à comprendre, les quitte en disant expliquez-vous entre vous avant d’aller mettre d’autres personnes dans vos histoires ! Vous voyez bien que ça ne colle pas entre vous, alors pourquoi vous vous obstinez !
Pendant ce temps, le caissier qui devine ce qu’il se passe, m’explique l’histoire. Le copain d’Anaïs a eu l’intelligente idée d’aller faire la cour à la soeur de Sabine (la meilleure amie d’Anaïs pour ceux qui sont perdus) dans la cour de la famille. L’histoire est revenue aux oreilles d’Anaïs, d’où le début de la dispute. Pour se défendre et semer le trouble, son copain prétend que c’est Sabine qui faisait la cour pour sa soeur auprès de lui. Il voulait clarifier à grands coups de baffes la situation avec Anaïs et Sabine, si bien-sûr elles venaient à lui manquer de respect
en ne disant pas ce qu’il voulait entendre. Jacques avait réussi à éviter quelques baffes inutiles, mais anxieux il voulait entendre la version de Sabine le lendemain. Dans la crainte de découvrir qu’elle lui a menti ce qui pour son coeur entier signifierait la fin de leur relation.
Je partais donc le lendemain de cette dispute sans en savoir la fin - fin de l’épisode…
- Publié le:
- 28.04.08
- Catégorie:
- Burkina, Tranche de vie
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