Segou et musique encore

Le Niger a Segou

Après la foule amenée par le festival, Segou a vite retrouvé son rythme et son ambiance qui me plaisent tant. Ce qui m’a amené à y rester plus longtemps que je ne pensais, tout comme Matheo et Nils. A cause aussi en partie de la musique et du groupe de Kora qui joue au bar/resto “le soleil de minuit”. Nils les a découvert juste avant le festival (il ne les avait pas vus, il nous a rejoint à Mopti directement), et comme nous, il est subjugué par leur talent. Ce n’est décidément pas un groupe d’ambiance folklorique, les morceaux qu’ils jouent sont vraiment singuliers et très beaux et dépassent largement le cadre restreint où ils les jouent. Matheo (trompette) et Nils (melodica) ont rejoué avec eux dans le resto, au départ pour improviser quelques solos et rapidement pour s’intégrer plus entièrement dans les morceaux - ça collait vraiment bien !En discutant entre eux, ils avaient vraiment envie d’essayer de faire quelque chose pour eux, ils ont des contacts en Allemagne qui pourraient être interessés pour monter des projets avec ce groupe… mais comment en parler sans donner de fausses espérances ! Assez simplement, on a été amené à se revoir souvent et à mieux se connaitre. Ils nous ont expliqué leur situation, Yaro (le leader du groupe) ne vit que pour la musique depuis qu’il est tout petit, il est issu d’une famille de griots, et clairement il espère un jour pouvoir toucher un public plus large. Ils jouent tous les soirs au resto pour environ 2€ par soir par personne, plus les pourboires des clients, ce qui peut doubler leur salaire. Ils ne s’en plaignent pas, ce n’est apparement pas trop mal. Par contre, ils sont contraints de ne jouer que là, et ils ne peuvent pas jouer ailleurs, ce qui a l’air de leur poser plus de problèmes. Yaro par le passé a frequenté des artistes célèbres du Mali et il a eu quelques problèmes même, un artiste connu lui a piqué un des ses morceaux dernièrement (je l’ai d’ailleurs entendu au festival), il est donc assez méfiant mais en même temps il est obligé d’avancer et de faire confiance. En voyant les enregistrements faits au bar (par Matheo et Nils), ils ont envie de s’enregistrer pour faire une maquette basique. De leur côté Matheo et Nils pensent pouvoir s’en servir pour faire leurs démarches de leur côté.Mais le jour de l’enregistrement chez eux, je les sens inquiets. Après l’enregistrement, ils nous proposent d’aller nous promener et de voir un voisin à eux. On rentre dans une petite pièce pleine de monde et il se trouve que le gars en question lit dans les cauris - on n’est donc pas venu là par hasard. Il se trouve qu’à Nouadhibou je suis tombé sur un Malien qui faisait ça aussi, il m’avait expliqué le principe. Pour faire simple, c’est un art divinatoire - on pose une question, on jette les 12 coquillages et le gars lit la réeponse suivant la disposition des coquillages (un peu comme les gens qui lisent dans les cartes chez nous). C’est Yaro qui pose une question et il a l’air très satisfait de la réponse, nous sommes spectateurs et Nils et Matheo ne captent pas trop ce qui se passe. Le gars dit à Matheo “tu es un gars honnête, et droit” (c’est ce qui m’a aiguillé sur la question posée par Yaro). Par la suite, il leur a lu l’avenir à Nils, Matheo et à Keke (un autre membre du groupe). Tout le monde rentre satisfait et ils jouent un dernier morceau tous ensemble.Le dernier jour avant le départ de Nils et Matheo, a lieu une discussion ouverte, ils ont tous envie de travailler ensemble - et chacun ne sait pas trop comment le dire. C’est Yaro qui prend les devants et explique qu’il aimerait que Matheo et Nils jouent avec eux sur un projet commun… tout le monde tombe d’accord - et mes deux compères allemands semblent partir pour mieux revenir dans quelque temps… j’espère vraiment que cela va aboutir, car cette musique en vaut vraiment la peine.

Un futur projet musical...pas de boys band !