La route de l’espoir

Un troupeau passe

Je me suis souvent demandé qui a eu l’idée de donner ce nom à cette route qui relie Nouakchott à Nema 1200km plus loin. Est-ce par naïveté ou par pur cynisme ? En tout cas elle est vraiment magnifique. A quoi elle ressemble ? A peu près à çà … Bon ok, c’est facile, mais je ne me sens pas capable de décrire une si grande variété - surtout sur toute la longueur ça me prendrait des heures - mais croyez moi c’est splendide. Je peux parler de quelques constantes sur la route : le sable bien sûr, les troupeaux de chameaux, vaches ou chèvres et les bêtes écrasées sur le bord de la route en train de pourrir et surtout ces paysages infinis. J’ai eu l’impression de voir plus d’animaux que d’humains presque, même si il y a tout de même beaucoup plus de villages ou de villes que sur la route qui mène de Laayoune à Nouakchott. Notre première étape est courte jusqu’à Boutilimit, nous suivons les conseils des policiers au barrage en se garant en ville et ne cédant pas à la tentation de bivouaquer dans un joli coin isolé. Le lendemain on traverse Aleg sans encombre (le village où a eu lieu l’attaque des touristes), tout y est calme - la seule chose un peu effrayante étant le défilé de tentes/restos qui exposent des carcasses de thorax de chèvres grandes ouvertes, façon tryptique à la Bacon avec les mouches en plus. J’en profite pour faire une parenthèse “Maïté”. Pour aimer la nourriture du pays c’est comme pour le reste il faut aimer le sable, présent à tous les plats et repas - rha cet effet craquant surprise quand on mange sa semoule !! Enfin pour faire poli, je dirais que la nourriture mauritanienne que j’ai préférée c’est les plats sénégalais de Nouadhibou… La route était si belle en rejoignant le plateau de Tagant (photo au dessus) que l’on est arrivé à Kiffa sans presque s’en rendre compte. Le soir au camping, des 4×4 arrivent juste après nous. Ils vont en direction de Nema pour rejoindre tous ensemble Tombouctou à 3 jours de pistes. Avec la beauté de la route et le regret de ne pas avoir pu aller dans la région dont j’ai tant rêvée (Chinguetti/Ouadana) avant mon départ me fait à nouveau hésiter - et si j’allais à Oualata ! Cette décision m’est pénible car je m’entends bien avec Fred et Gabrielle et je dois vite me décider avant le lendemain soir et notre dernière étape en Mauritanie à Ayoun. Le lendemain, le goudron est moins bon avec pas mal de nids de poules et un premier bout de piste pour éviter la route sous l’eau (reste des ravageuses inondations en Afrique de l’ouest du mois d’août dernier) mais l’étape reste courte et facile. Dans la journée, je n’ai pas arrêté de changer d’avis sur la suite de mon parcours et c’est déjà le soir venu. Je change une dernière fois d’avis et je me décide enfin de faire cette boucle de Nema-Oualata-Nema. J’espère arriver tout de même assez tôt au Mali et à Bamako pour recroiser sur la route Gabrielle et Fred. Un dernier repas et une nuit dans le camion avant de se séparer le lendemain, ils partent vers Nioro au Mali (après la frontière) et moi à la recherche d’un taxi pour Nema. A nouveau seul après 10 jours passés avec eux, je me demande ce qui me pousse parfois…