Et après le tropique du cancer…

sur la route de Nouakchott

Le lendemain matin, les 2 autres français France et Matthieu nous rejoignent et on part au lever du jour pour la frontière - nous sommes trois à l’arrière, et Fred et Gabrielle sont tous les 2 à l’avant dans la cabine. Assis sur un confortable fauteuil en rotin, je fais connaissance avec France et Matthieu en regardant défiler les paysages - tout est désert, pratiquement pas de véhicule ni de maison, juste quelques chameaux de temps en temps. La route est bonne et on arrive sans problème à la frontière Marocaine. Pas grand monde non plus, quelques camions, une voiture française avec 3 passagers, et 2 polonais arrivés en taxi plus bien sûr, des Mauritaniens et Sénégalais qui rentrent au pays. Les papiers se font sans problème et la fouille du véhicule ressemble plus à une visite de l’aménagement du véhicule qu’autre chose - ça fait tout de même 3/4 contrôles à passer. Juste avant de se diriger au dernier contrôle, les 2 polonais viennent nous voir. Ils ont un problème avec un taxi qui leur demande beaucoup pour passer la frontière et faire les 40 kms qui mènent a Nouadhibou. Fred accepte de les prendre, mais le taxi est furax et court un peu dans tous les sens pour les en empêcher. Comme ils ont dejà rempli les papiers (le prix a augmenté après) pour traverser la frontière avec le taximan, il essaie de leur faire pression ainsi qu’aux flics marocains pour qu’il les force à partir avec lui. Au dernier contrôle, le gars en question est de plus en plus agressif, c’est Fred qui fait les derniers papiers avec le gars à ses basques. Le flic marocain lui dit “ce gars est un con, tu connais le no-man’s land - dépêche toi - je vais essayer de le retenir”… c’est avec un bon coup de speed que l’on rentre dans le célèbre no-man’s land entre les 2 pays, 7 kms de labyrinthe de pistes qui n’appartiennent à personne. Le but du jeu est de ne pas s’embourber dans le sable en prenant une fausse piste, encore avec une voiture pour 10€ on peut se faire déterrer mais avec un camion comme nous ça peut être plus compliqué. Autre point mineur, éviter de se faire sauter sur une mine comme la dernière voiture espagnole qui avait suivi son GPS sur l’ancienne route… mais bon c’est tout de même très rare. L’endroit est surtout un haut lieu de la magouille en tout genre, la plus visible étant la revente de voitures. Je n’ai pas remarqué que Matthieu a pris des photos des mecs en train de discuter, mais ça ne leur a pas échappé - après une courte poursuite ils nous rattrapent et nous doublent bien menaçants. Au depart, personne n’a compris ce qui se passait et tout le monde pensait encore à un coup foireux du taximan, mais ils voulaient juste nous faire effacer les photos prises - pas de traces. Fred s’en est bien sorti et on a pu arriver doucement jusqu’au poste de frontière mauritanien sans casse pour le véhicule qui s’est bien fait secouer sur les mauvaises pistes. Au tour de la frontière mauritanienne, même topo avec 3/4 contrôles à passer, les douaniers et flics sont plutôt sympas et ne font pas trop de problèmes. Ils regardent vaguement les sacs - les polonais avaient une bouteille de rouge dedans (l’importation d’alcool est interdite) et ils ont pris 10€ d’amende - et après ils ne regardent pas vraiment le véhicule et ils sont plus preoccupés par le cadeau qu’ils vont pouvoir récupérer. Fred lache un des vieux téléphones portables qu’il a amenés (valeur qui s’avère très sûre) et cela s’arrête là.En 2, 3 heures, on aura passé la frontière, ce qui est très bien car cela peut prendre une journée et par le passé plusieurs jours. Tout le monde est content à l’arrière, et les polonais veulent célebrer ça, ils sortent une bouteille d’eau - qui contient de la vodka ! les douaniers l’ont regardée mais pas ouverte …Nouadhibou est pas loin, encore 2, 3 barrages de police. Le contraste est saisissant car à ma grande surprise, c’est une vrai ville Africaine, même ambiance dans les rues, même chaos permanent…welcome in Africa !