Haschisch business

Comme j’ai eu du temps à attendre un taxi et 4 autres personnes pour le remplir et rentrer en ville, j’en ai profité pour vous assommer avec un autre post….

champs vides au cote du marabout

Difficile de ne pas voir que le Rif est LA region productrice de haschisch. A Chefchaouen, au moins 10 personnes par jour me proposent d’en acheter, un peu de la même manière que l’on me propose de venir voir la coopérative de tapis (c’est un peu lourd à force). Je n’avais pas vu ça dans les autres régions du Maroc que j’ai visitées. La culture du kif semble une longue tradition ici et tolérée, il suffit de voir les vieux fumer de leur pipe dans les cafés - mais depuis de nombreuses années c’est largement passé d’une culture locale à une monoculture industrielle pour l’exportation. Je ne connais pas les chiffres mais j’imagine que dans le PNB cela doit représenter un bon chiffre, en tout cas, cela fait vivre tout une région et elle ne s’en cache pas. Tout le monde en parle ouvertement et sans problème comme s’il parlait de culture de blé sauf que c’est bien plus rentable et cela revient souvent sur le tapis justement.Un des paysans (celui qui vend des bonnets pour ceux qui suivent) avec qui j’ai pris le thé à plusieurs reprises sur la place de Chefchaouen me disait que tous ou presque font pousser du kif (mais pas lui (soit disant), et dans certaines régions ils ne font uniquement que ça - “pas une pomme de terre ou une tomate, walouf ! Ils descendent à la ville pour acheter des produits frais !!” - un comble pour lui.Quand je lui ai demandé pourquoi il n’en cultivait pas lui, il m’a repondu que c’est trop dangereux, qu’il veut pas d’histoire et c’est pour ça qu’il vends des bonnets. Il m’a expliqué que l’Europe subventionne maintenant pour d’autres cultures, sûrement en échange d’un effort des autorités locales ; si quelqu’un se fait prendre et qu’ils remontent jusqu’aux paysans, ils vont dans le village et coupent tous ses champs - “mais pas ceux du voisins !!!” (pas de zèle non plus apparemment) et “après des ennuis” - quand je lui ai demandé lesquels, il est resté assez vague et n’a pas voulu vraiment répondre.Dernière anecdote sur le sujet, l’autre soir à l’hôtel arrive un espagnol (un basque pardon), à peine son sac posé, il vient me voir pour discuter. Au bout de 5 minutes, il se lance dans un monologue où il m’explique qu’il est dans le “haschisch business” avec plein de détails. Je ne voyais pas ou il voulait en venir, et abrupt il me lâche “15000 € pour amener une voiture en Norvège tous frais payés, ça t’intéresse ?”Tout d’un coup j’ai mieux compris pourquoi il s’intéresse au fait que je sois en année sabbatique et pour savoir si j’avais pris mon permis même si je voyage en bus. J’ai juste répondu non et il n’a pas insisté, il est reparti tout deçu de ne pas avoir trouvé son pigeon.Tout ce trafic doit bien engendrer des problèmes, mais en tout cas je ne l’ai pas vu dans la rue, à part qu’en plus des tapis on vous propose du haschisch ça ne va pas plus loin. Je pense même que c’est bien volontairement que les gens cultivent cette image calme et tranquile de Chefchaouen, qui est justifié il faut dire, et cache le reste. Il ne faudrait pas que le tourisme, l’autre source de revenu de la region, soit réduite à cause de l’autre source de revenu. Chefchaouen porte décidément bien son nom… avec ses 2 cornes au dessus de sa tête.