Qui n’a pas eu envie d’être une goutte d’eau?

Future goutte d'eau?

De manière générale (et plus particulièrement quand ça me concerne), je suis très méfiant sur toutes actions ou pensées dont la seule motivation affichée part de ce que l’on appelle des “bons sentiments”, de générosité, ou pire encore d’altruisme (brrr)… enfin, tous ces grands motsEnIsme si souvent vides de sens. Sans vouloir nier que certains actes et pensées contiennent sûrement cette blancheur d’altruisme désintéressé, je reste convaincu que cela ne représente qu’une partie de la motivation d’une personne, et sûrement pas la plus grosse part du gâteau si l’on se donne la peine d’y regarder de près !
Je généralise peut-être mon cas particulier aux autres personnes de mon espèce, mais jusqu’à aujourd’hui je n’ai pas eu la chance de croiser des personnes qui m’ont fait changer d’avis (je suis encore jeune, je sais, je sais…). A mes yeux, ce n’est pas un constat cynique (”sans glace svp”), ni un bien ni un mal en soi, c’est juste comme ça que je nous vois penser et agir.

Les activités humanitaires de bénévolat ou associations, sont donc très propices à tout plein d’attentes et d’espoirs totalement irréels - comme si le fait d’agir pour une “bonne cause” blanchissait tout humain… d’être humain en somme. Sans aller jusqu’à demander une médaille à Jacques Crozemarie pour nous avoir re-ouvert les yeux ou de minimiser ce type d’abus de confiance - il me paraît tout aussi injuste (et donc tout aussi humain ;) ) de ne pas vouloir aider sur le principe qu’il y a des abus ou des dysfonctionnements… pas la peine de jeter le bébé avec l’eau du bain.

A part donner un peu d’argent tous les ans, je me considère totalement novice dans ce type d’activité que l’on nomme bénévolat; je suis plus dans la position de l’observateur extérieur, agité par la curiosité de celui qui va devoir rentrer dans la pièce. De ce que j’ai observé, l’Afrique - comme ailleurs pour une fois - semble sur ce sujet tout aussi bien fournie en petit et gros abus qu’en inefficacité de tous niveaux.
Je ne sais pas si c’est le boom des “congés humanitaires” (drole d’expression tout de même), qui a engendré un sur-boom d’abus - ou vice-versa - mais en tout cas ça y ressemble… allez ! quelques exemples concrets.

La plupart des associations proposent des activités/chantiers d’un mois (parfois même 15 jours !!) contre une souscription (ce qui est assez classique). Une arnaque classique est de découvrir une fois sur place, que l’on n’est pas venu pour ce que l’on croyait - le chantier se révèle être juste un prétexte pour recupérer de l’argent pour la belle maison du fondateur à la capitale. Une autre variante sympa que l’on m’a racontée (plus optimum je trouve) est de se retrouver à donner des cours privés d’anglais à des enfants (dont les parents payent) alors que le bénévole etait venu pour donner des cours d’anglais aux enfants des rues ! Un autre point chaud est l’efficacité de toute cette débauche d’énergie, de carburants et d’argents ! quel est l’intérêt de faire venir 4 personnes des USA pour construire un bâtiment (alors qu’ils ne sont pas maçons), alors qu’il suffit d’imaginer ce que l’on aurait pu faire avec la même somme d’argent (billet d’avions+souscriptions+visas+etc) sur place….je vais m’arrêter à ces 3 exemples, mais si le sujet vous intéresse et que l’expérience vous tente, je vous conseille vivement la lecture des discussions de ce forum, car même si tout cela peut être vu comme de l’abus à la bonne volonté (ou de l’inefficacité), il ne faut tout de même pas oublier que malgré tout - ce que la personne vit et apporte sur place peut être tout a fait positif… pas facile du coup de trancher une bonne fois pour toutes.

Pour finir ce chapitre enthousiasmant sur les dysfonctionnements - rappelez moi qu’il faut que je postule pour “combien ça coute” à mon retour - je ne peux pas passer sous silence les détournements des fonds internationaux et nationaux d’aide ou autres projets de co-developpement - mot magique qui blanchit tout de nos jours (voir ici ou ou encore là …). Au regard de cette industrie du détournement, tout le reste n’apparaît plus que comme du maladroit bricolage dominical.

Si je reviens sur mon cas particulier, comme vous l’aurez compris, je ne me considère ni mieux ni moins bien loti que les autres - et je ne pense pas qu’une nature généreuse soit la raison profonde de ma motivation (non, non ! par pitie c’est pas une phrase au second degré). Bien sur, comme beaucoup de monde, je prends beaucoup de plaisir à aider mon prochain quand je le peux - qu’il soit proche ou inconnu d’ailleurs. De là à vouloir discerner d’éventuelles motivations inconscientes qui ne le seraient plus si d’inconscientes elles devenaient conscience (sic!), me paraît un peu compliqué et sans grand intérêt. Malgré une coupe proche de Bruce Willis, je ne me sens pas l’âme d’un sauveur de la terre et je n’ai pas fait grand chose dans une association sûrement par une non-envie de m’impliquer qu’autre chose. Par contre, je sais que mes voyages passés m’ont beaucoup-beaucoup-beaucoup apporté et j’espère bien que cela va continuer, et d’une certaine facon trouver un moyen pour avoir l’impression de renvoyer l’ascenseur ne me déplairait pas.

Enfin tout ça est vu de loin et il me tarde de voir sur place, au lieu de disserter sur une page pleine de bons sentiments - il est temps d’aller me reposer, tant d’autosatisfaction c’est vraiment crevant.

((((ça ne serait pas de l’autosatisfaction de noter que je m’autoautosatisfait (ça ne serait pas de l’autoautosatisfaction de noter que je m’autoautoautosatisfait (ça ne serait pas de l’autoautoautosatisfaction de noter que je m’autoautoautoautosatisfait(ça ne serait pas de l’autoautoautoautosatisfaction de noter que je m’autoautoautoautoautosatisfait (…)))))